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Les petites histoires de Serge
23 février 2013

Dans l'arène - épisode 1

 

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    Exercice quatre. Douze mille trois cent soixante neuf fourmis se démènent, en proie à une panique légitime. L’angoisse est palpable et l’empathie des Moijeux pour ces petits insectes vaillants et fragiles est totale : l’eau monte dans la fourmilière et la reine est en danger de mort. Sachant qu’une fourmi mesure trois millimètres, et que l’eau atteint trente sept mètres,
    VONT-ELLES SAUVER LA REINE ?  [quelle tension insoutenable !]

    Ni une ni deux, le Moijeu se visualise, que dis-je se réincarne ! en fourmi débordant d’abnégation. Il se voit errer dans la fourmilière du collège, un monde palpitant et hostile, fréquenté par d’autres fourmis bien plus grosses que lui. Mais ne dites surtout pas à un Moijeu qu’il est petit ! Vous le vexeriez gravement. Car à l’instar des petites bébêtes qui boivent la tasse en tentant de faire une courte échelle la plus longue possible, le Moijeu est capable de porter plusieurs fois son propre poids sur le dos. Allez-y, pesez, Monsieur ! Cornegidouille, certains collègues à l’humour douteux demandent aux élèves d’apporter des boules de pétanque ou quoi ? Il n’empêche : un Moijeu, ça ne marche pas, Madame, ça court plutôt, ça sautille, ça virevolte, ça fait des triples boucles piquées quitte à se vautrer comme un Brian Joubert du pauvre, et le tout avec le sourire, s’il vous plaît ! Il arbore même une si jolie banane que d’autres Moijeux têtes en l’air glissent dessus et récoltent un zéro pointé en note artistique.

    Il me plaît de placer les Moijeux dans une situation de stress intense à l’aide d’un énoncé aussi bien ficelé que celui-ci. (Comment ça, une fourmilière de trente sept mètres de hauteur, ça n’existe pas sur Terre ? Rien n'interdit de faire de la S.F. !) D’ailleurs goûtez, ressentez la peur dans les yeux du Moijeu. L’atmosphère de devoir en classe coefficient 4 n’a rien à voir là-dedans, qu’allez-vous donc penser ! On capte plutôt une odeur de fin de règne. Je vous le rappelle, ça sent le roussi pour la petite tête couronnée, ne l’oubliez pas. Et les élèves pataugent. L’empathie, toujours l’empathie.

    Quelques jours plus tard, et alors que la reine est sauvée (je vous rassure) mais que beaucoup de Moijeux l’ignorent encore (malgré d’incessantes questions existentielles comme celle de Mamadouille : « Vous croyez que les fourmis qui se sont noyées iront au paradis ? »), je lis dans un fidèle compte-rendu de l’exercice-catastrophe :
« La longeur de la fille de fourmies et assé longue alors le renne est sauver. »

    Eh oui, une fourmi, c’est tellement costaud que ça peut même sauver les affaires du Père Noël. Alors les Moijeux, vous imaginez…

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